Les études historiques et audiovisuelles récentes soulignent le potentiel des films utilitaires non-commerciaux pour observer la diffusion massive des représentations qu’une société donnée se fait du monde et d’elle-même. En même temps, elles interrogent le statut des images dans la production de mémoire, et la circulation de ces images dans les sphères d’expertise scientifique et technique, industrielle, pédagogique ou amateur.
Dans le domaine de la santé, médecine et hygiène, le projet Medfilm privilégie les archives audiovisuelles en tant que vecteurs de communication sur les politiques de santé, la nature d'une maladie, les modalités de prévention et de soins, qu’il s’agisse à un public ciblé ou au grand public. La maladie considérée comme fait social, fléau ou stigmate, la relation patient-soignant, les enjeux idéologiques que recouvrent les politiques sanitaires successives, motivent différentes formes de discours : communication unanime de l’institution médicale, information polémique de la presse, intimité créative de l’individu artiste, questionnement réflexif du philosophe… Le film reste le média le plus évident pour en rendre compte, c’est aussi un support privilégié pour l’échange et la réflexion collective.
Le projet MEDFILM cherche à mettre à jour et à analyser la richesse d’une production qui se distingue par la diversité de ses approches cinématographiques pour répondre au souci constant de transmettre au public, professionnel ou non, des conduites à tenir, des informations scientifiques, des réflexions sur les enjeux du bien-être et des prescriptions normatives que la société exerce sur notre rapport au corps. Il cherche à croiser les regards de l’histoire de la santé, l’histoire du film et les études audio-visuelles dans une perspective nationale et internationale.
Le colloque international vise à mettre en évidence les caractéristiques essentielles de la production française dans le cinéma médical dans la période 1900 – 1960 en insistant sur ses sujets privilégiés, ses modes de diffusion, ses figures majeures. Est-il possible de voir dans l’histoire de cette production le reflet des différentes politiques de santé qui y ont été mises en oeuvre, ou s’agit-il d’un témoignage marginal qui limite l’emploi du cinéma au rôle d’artefact ?
Les approches de la relation que les institutions sanitaires ont entretenue avec le media audiovisuel dans un pays suggèrent d’élargir la réflexion et de l’envisager dans le champ international. La France a-t-elle initié une production originale par ses sujets et ses mises en scène ? Ce sera l’objet du second temps du colloque, impliquant des chercheurs internatinaux invités à un travail comparatif avec la production de leurs propres pays. Sans oublier que l’après guerre est le temps du développement des structures internationales de solidarité sanitaire qui suppose un nouveau type de production cinématographique pour les communiquer.
Le colloque pourra s’appuyer sur la plateforme MEDFLM (http://medfilm.unistra.fr) qui s’intéresse particulièrement aux films produits pour des campagnes de santé, aux films éducatifs et d’information dans le cadre scolaire et professionnel qu’aux films faits pour toute autre finalité sanitaire.